Bien des entreprises font appel à des caricaturistes pour insuffler un esprit de fête et de bonne humeur pour leurs animations.

L’éclat de rire se manifeste de manière auditive. Des sons mis en vibration sur nos cordes vocales sont amplifiés par un jeu alternatif d’inspirations et d’expirations. De tonalités différentes, ils offrent une partition musicale propre à chaque individu. Nous employons les termes explosion ou même fou, pour décrire le caractère subit et incontrôlable du phénomène.

L’origine de cette manifestation se situe dans une stimulation de notre cerveau par un événement extérieur. Elle peut être transmise par notre oreille s’il s’agit d’une blague ou d’un rire contagieux, par notre peau si elle a reçu une excitation à un endroit sensible, par notre œil s’il a capté une image amusante.

Le rire va contracter ou étirer des muscles qui contrôlent la bouche, le menton, les joues, les paupières et la mâchoire. La morphologie du visage s’en trouve parfaitement modifiée et un caricaturiste se donnera à cœur joie pour traduire ce rire. En s’inspirant à la fois du visage au repos et du visage qui rit, il va exagérer les traits tout en gardant la ressemblance avec le portrait.

Bien des entreprises font appel à des caricaturistes pour insuffler un esprit de fête et de bonne humeur pour leurs animations. Il s’agit autant de faire plaisir à quelques invités que de générer un rire de contagion à partir du groupe qui assiste à la création. « Notre rire est toujours le rire d’un groupe », affirme Bergson. L’artiste Stéphane Lemarchand a réalisé d’après photo la caricature de Omar Sy, de Stéphane Bern ou de Jean Reno dans la transe d’un fou rire. Ces acteurs font d’ailleurs le bonheur des Youtubers et, si l’on veut commencer sa journée dans la bonne humeur, il suffit d’écouter le rire de Omar Sy. Le succès est garanti.

Nous avons besoin de rire pour améliorer notre santé. Il produit des endorphines, il muscle le visage, les jambes et l’abdomen, il accélère la circulation. Il permet une meilleure communication avec notre entourage et nous renvoie une image valorisante de nous-même. « Une journée sans rire est une journée perdue », disait Charlie Chaplin.

Cependant, notre sensibilité a sa couleur personnelle. Nous avons reçu telle éducation, nous avons fréquenté cette école, nous vivons dans ce quartier, nous exerçons tel métier, nous pratiquons notre religion. Tous ces paramètres entrent en ligne de compte dans nos réactions face à une image ou un discours. Nous retiendrons la phrase de Pierre Desproges: « On peut bien rire de tout, mais pas avec tout le monde. »

Une surcharge émotive engendre une pression qui doit obligatoirement se libérer, à la manière d’un réflexe incontrôlable. L’origine peut provenir du chagrin mais aussi du rire. Le nerf facial excite des glandes qui se mettent à secréter les larmes. On utilise même certaines expressions telles que: « rire à chaudes larmes », « rire à en pleurer », qui expriment bien la simultanéité des deux processus émotionnels.

Dans un extrait du film « Le Petit Baigneur« , Jacques Legras joue le rôle de l’Abbé Castagnier et Louis de Funès celui d’un directeur de chantier de construction de bateaux. Du haut de sa chaire, le prêtre se plaint de l’état de l’église face au richissime Fourcheaume, au bedeau organiste Roger Caccia, en présence de l’assemblée du dimanche. Grâce à une cascade d’incidents liés à la grande vétusté du micro, de l’harmonium et de la chaire, le fou rire gagne le spectateur qui n’a pas le temps de respirer durant plus de 3 minutes. Tous les personnages et les gestes des acteurs sont caricaturés à l’extrême, jusqu’au sourire béat du bedeau. Cette tension engendrée par la succession des gags et d’un bruitage savamment orchestré dispose d’un temps suffisant pour générer des larmes.

Nous pourrions conclure sur cette pensée de Frédéric Dard : « Une larme est la goutte qui fait déborder l’âme ».

Lilou Pluenn